Les Lymphœdèmes

Le lymphoedème secondaire des membres inférieurs et/ou de la zone pelvienne est une complication possible des traitements des cancers gynécologiques pelviens : col utérin, endomètre, ovaires, ou vulve. 

Qu’est-ce que c’est ?

Le lymphœdème est une augmentation de volume d’une partie du corps, liée à une accumulation de lymphe dans les tissus sous-cutanés d’un ou des deux membres inférieurs, du pubis, des organes génitaux ou de l’abdomen.

Quelle est la cause ?

Ce lymphœdème secondaire est la plupart du temps une conséquence de la chirurgie :

• Soit par l’ablation du ganglion sentinelle,
• Soit par un curage ganglionnaire (par exemple au niveau des ganglions inguinaux en haut des cuisses),

ce qui crée une discontinuité dans le réseau lymphatique et surcharge ainsi le réseau restant en créant une stase (rétention) des liquides interstitiels et des phénomènes inflammatoires.

Mais la radiothérapie et certaines chimiothérapies peuvent aussi aggraver la situation. 

Dans certains cas, ce sont des cellules cancéreuses qui peuvent obstruer les ganglions lymphatiques et entrainer un œdème.

Comment se manifeste un lymphoedème du membre inférieur ? 

Après un temps de latence variable (délai de survenu variable d’immédiatement après traitement à plusieurs années) après l’évènement responsable (chirurgie ou radiothérapie), l’oedeme débute en général par un gonflement d’un côté, à la racine de la cuisse puis il descend plus ou moins rapidement vers le pied. 

Mais, il peut aussi débuter par le pied et toucher les deux jambes d’emblée et s’accompagner d’un œdème sus-pubien et des organes génitaux.

 

3 stades sont décrits :

• Stade 1 : l’œdème est fluctuant, apparait en période estivale ou lors de longues stations debout ou assise, mais il disparait au repos et à la surélévation.
• Stade 2 : l’œdème devient permanent et il diminue incomplètement au repos. Puis les tissus se modifient, deviennent durs (fibrose et engraissement), et la peau s’épaissit.
• Stade 3 : le volume du membre est très augmenté avec la présence de troubles trophiques (de la peau) : hyperkératose, vésicules et verrues lymphatiques.

Les complications du lymphoedème :

La plus fréquente est l’érysipèle (dermo hypodermite infectieuse) qui est une infection douloureuse avec fièvre qui doit être rapidement traitée par des antibiotiques. Elle a un fort potentiel de récidive.

 

Traitement : 

Le lymphoedème est une affection chronique dont le traitement palliatif (et non curatif) permet d’améliorer la qualité de vie. 

Il repose sur la compression élastique (port de bas de contention dans le langage courant), les soins de peau, l’hygiène de vie avec activités physiques adaptées et contrôle du poids. Aujourd’hui il n’y a pas de médicaments curatifs et les techniques chirurgicales restent à être validées. 

La chirurgie préventive lors de curages, la recherche de médicaments ainsi que la thérapie génique pourraient à l’avenir modifier la prise en charge.

 

 Ce que l’on peut faire avec un lymphoedème : 

• Les voyages : penser à mettre la compression et à emporter un anti-moustique, un désinfectant, des antibiotiques et tout le matériel nécessaire pour un bandage
• Les prises de sang et de la Tension Artérielle sur le membre atteint
• La chirurgie sur un membre atteint lorsqu’elle est nécessaire (canal carpien, prothèse articulaire, biopsie…)
• La pratique d’activité physique même lorsqu’elle mobilise le membre atteint par le lymphœdème (ex : Appui sur le bras atteint lors d’un cours de gym, mouvement de crawl…)
• Le port de charges du côté du lymphœdème, si elles sont raisonnables et progressives

 

 Les précautions à prendre avec un lymphoedème : 

• Désinfection et surveillance des plaies afin de prévenir les érysipèles (infection de la peau, du derme et de l’hypoderme, due à une bactérie)
• Hygiène et soins de peau : bien sécher la peau sans oublier les plis et les espaces interdigitaux et l’hydrater
• Traitement de toutes les infections même à distance (dentaires, urinaires, ORL…)
• Prévention et traitement des mycoses interdigitales, unguéales et des plis
• Prévention des piqûres d’insectes, griffures d’animaux et de plantes (jardiner en portant des gants), des coups de soleil, brûlures…
• Traitement de tout érysipèle afin d’éviter l’aggravation du lymphœdème, savoir le dépister et mettre en route le traitement

 

Ce qui est fortement recommandé :

• Pratiquer une activité physique ou sportive, même intensive, à condition qu’elle soit progressive et encadrée et qu’elle ne suscite pas de douleur, de préférence en portant la compression, car elle stimule la circulation lymphatique et prévient le lymphœdème
• Surveiller son poids car un excès aggrave le lymphœdème et est un facteur de risque important d’apparition de lymphœdèmes secondaires après chirurgie ganglionnaire
• S’abstenir de diurétiques sauf en cas de nécessité absolue pour une autre pathologie
• Consulter en cas de survenue de toute anomalie physique : rougeur, fièvre, douleur, augmentation inexpliquée de l’œdème mais aussi en cas d’installation d’un état de mal-être….
• Changer régulièrement sa compression car les bas ou manchons détendus sont inefficaces

 

Les professionnels de santé du lymphoedème : 

En cas de doute ou de survenue d’un œdème à la jambe, ou au petit bassin, parlez-en à votre oncologue. Il pourra vous adresser à un médecin spécialiste vasculaire dans un centre de référence ou de compétences du lymphoedème.

Si c’est necessaire et suivant votre cas,

ce dernier pourra vous prescrire des séances de drainage lymphatique manuel et la réalisation de bandage multicouches, chez un kinésithérapeute formé à la prise en charge du lymphoedème, ainsi que des bas de compression adaptés à votre morphologie chez un pharmacien orthopédiste.

 

En cas de doutes, consultez votre médecin.