Sandrine, 44 ans Cancer de l’ovaire

Je m’appelle Sandrine. Je vis dans la région parisienne. Mon histoire commence en 2004. J’ai trente et un ans. Cette année-là, cela faisait cinq ans que mon mari et moi essayons d’avoir un enfant. Après quatre assistances médicalisées à la procréation, nous allions faire notre première fécondation in vitro.

Lors de l’échographie, le docteur m’a annoncé que le projet était compromis car un kyste de cinq centimètres de diamètre s’était développé au niveau de l’ovaire. « Beaucoup de femmes vivent avec des kystes sans gêne toute leur vie », ce fut la dernière phrase du docteur qui devait réaliser nos rêves. Après cette énième déception, nous avons décidé de nous tourner vers l’adoption.

Cependant au bout de deux mois, ressentant quelques gênes quant à ce kyste, je décidais de me faire opérer pour l’extraire. Lors de mon réveil, j’ai eu la surprise de constater que le chirurgien avec ouvert tout mon bas ventre au lieu des trois petits trous annoncés avant l’intervention. Lors de sa première visite, il m’a informé que ce n’était pas un kyste, mais mon ovaire qui faisait maintenant sept centimètres de diamètre. Le prélèvement avait été envoyé pour analyse. Je n’ai pas perçu, à ce moment-là, l’implication de cette analyse.

Deux semaines après mon opération, la secrétaire du chirurgien m’appelle pour avancer mon rendez-vous, normalement pris pour la reprise de mon activité professionnelle. J’ai ressentis une petite angoisse après avoir raccroché.

Je me présente donc à mon rendez-vous, pensant qu’il l’avait avancé pour des raisons personnelles. Mais là, la sentence tombe : « nous avons trouvé des cellules cancéreuses dans votre prélèvement ».

Le ciel me tombe sur la tête : « le protocole veut qu’on vous enlève les deux ovaires et l’utérus. Ainsi que des séances de chimiothérapie ». Là je m’effondre, puis très vite je me reprend, je m’excuse (c’est dingue), et il m’explique tout ce qu’il peut.

Mon mari, qui m’a accompagné, est dans la salle d’attente. Je sors du bureau du docteur, j’ai du mal à me contenir, il y a du monde. Je passe devant mon mari en le pressant de me suivre vers la sortie. Il est interloqué, il me demande si je vais bien. Je ne lui répond pas, il ne comprend pas.

Enfin nous arrivons dehors et là je m’assoie sur un rebord en béton, il me regarde …

Et je lui annonce la terrible nouvelle. Nous avons beaucoup pleuré ce jour-là. Puis, fidèles à nous mêmes, nous nous sommes armés de tous nos forces pour traverser cette épreuve, ainsi qu’une autre qui s’est ajouté : lors de mon histérectomie, l’artère iliaque a été touchée et j’ai dû subir une deuxième intervention dans la foulée pour sauver ma jambe gauche. Mais grâce à Dieu, vraiment, j’ai véçu cette épreuve comme « un mal pour un bien ». Cette période a été forte émotionnellement.

J’ai dit et entendu des mots d’amour d’une sincérité que l’on a que face à la mort.

Mon histoire n’est pas tout à fait finie, car lors de ma cinquième année de rémission, nous sommes ENFIN devenus les très heureux parents de notre fils Yassin. Et oui, après toutes ces déceptions et ces épreuves, la récompense : le soleil de notre vie. Je voulais rendre hommage à toutes les femmes qui ont vécu, vivent et vivront cette épreuve, car cette maladie nous touche dans ce qui fait de nous des « femmes ».